Confess It All

Citation :

Chers futurs victimes,

Sachez avant de poursuivre votre lecture que je sais tout de vous. Je ne me contente pas de connaître vos goûts ou le nom des différents amants avec qui vous faites preuve d‘une luxure sans pareil, non ! Moi je sais aussi, ce dont vous ne vous doutez pas. Je sais l’heure précise de votre mort, lequel de vos amis vous trahira (oui parce que ce sont toujours les amis qui trahissent) et aussi le moment de votre vie qui vous fera basculer vers une fin médiocre et sans intérêt pour moi. Moi ? Prénom : Anonymous, Nom : *. Les présentations sont faites, n’allez pas dire ensuite que vous êtes harcelé par un inconnu.

Je sais pertinemment que votre désir de me lire vous met mal à l’aise mais que voulez-vous, l‘envie vous guide et cela me fait bien rire. Rivés sur mes mots, vous espérez vainement que je vous confies le moindre petit détail de votre misérable existence (je peux me permettre de dire « misérable », j’ai environ 4,554 milliards d’années).
Ne désespérez pas ! L’espoir est plus drôle à lire sur vos visages.
Je me permet aussi d’affirmer que vous êtes mauvais et bourrés de vices; avec les années vous avez réussi à vous persuader que c’était normal. Mais ça ne l’est pas.
J’ai traversé les siècles et vu des choses immondes, des siècles entiers de perversion, d’avarice et de colère. Mais elles étaient souvent réunies en un seul et même homme.
Aujourd’hui, ce petit con de diablotin, celui qui vous attend après que j’ai fait mon travail, s’est débrouillé pour que chacun de vous ait une parcelle de ces maux et qu’il n’en ait pas honte par la même occasion.

Je me suis sûrement montré froid et méchant au cours de cet aveu c’est bien possible, mais je ne supporte plus la faculté que vous avez à vivre sans vous soucier de rien, à vous croire au dessus des lois, à penser avec orgueil que vous êtes le meilleur et que le monde entier vous regrettera.

Vous en voulez toujours trop au point que votre gourmandise me dégoûte … où est l’époque où les philosophes grecs écrivaient des pages sur le bienfait de l’ataraxie ? Vous n’avez jamais lu ça ? Bien trop occupés à regarder vos visages vides dans les miroirs des salles de réceptions où vous vous goinfrez et vantez les voyages où, enfermés dans un hôtel ***** votre paresse vous emportait au dépens d‘une réelle découverte de la vie. Vous ne vous êtes jamais demandé à quoi vous ressembleriez si vous n’essayiez pas de plaire aux autres, si vous tentiez de vous aimer et de mener une vie simple et vraie ?
Qui je suis pour vous parler comme ça ? Personne. Malgré tout, vous êtes intrigués et ça me suffit.

Vous êtes vils, mais la bonne nouvelle, c’est que je vous aime comme ça.

Anonymous*.

***


Italie. Rome. Place Navona. Un serveur. Deux cafés sur son plateau et l’un deux est pour vous. L’autre est pour cette femme aux formes plus que désirables cachées sous un imperméable beige malgré la chaleur relative a un mois de Juin ... Elle vous semble si présente et en même temps tellement invisible.

Une gorgée de café plus tard, vous comprenez qu’elle observe … quoi ? Incapable de détacher votre regard de cette âme, vous l’a trouvez juste fascinante mais savez pertinemment que lorsqu’elle partira, elle sortira de votre esprit à jamais. Une solution ? Profiter.

Une femme s’assoit près de vous lasse et épuisée de s’être traîner jusque là. Elle passera, sans aucun doute, la journée ici. Puis un homme brun en costume-cravate s’en va, il s’est contenté de payer son café; rien de plus, pas de pourboire, pas de sourire … 2 enfants s’arrêtent face à cette forme envoûtante pour partager les nombreux paquets de friandises volés quelques minutes plus tôt. Un mendiant les fixent depuis qu’ils sont sortis de la boulangerie … ses lèvres remuent comme s’il se délectait déjà de tout ce sucre. Et puis, une femme incroyablement vulgaire fait claquer ses talons sur le sol marbré de cette endroit touristique, elle marche aussi vite qu’un jeune cadre parti pour le travail mais elle ne fait que s’arrêter près d’un mur, s’y appuie et regarde passer les hommes. Enfin, ce type nerveux sort brusquement du café en menaçant le patron d’intenter un procès à l’une de ses serveuses si la jeune femme en question ne s‘excuse pas.

Finalement, vous vous rendez compte avec beaucoup de regrets que le temps de toute cette rétrospective a suffit à votre mystérieuse inconnue pour s’évaporer avec la grâce de … de qui parlez vous ?
Et vous ? Rien à vous reprochez ? C’est que vous êtes l’orgueil.